L’économie canadienne fait du surplace
Après le recul de juin (-0,2 %), l’économie a fait du surplace en juillet (0,0 %). La production s’est repliée pour une majorité de secteurs en juillet, selon Statistique Canada qui note que ces pertes ont toutefois été compensées par les gains dans les services. Le secteur manufacturier a même connu son plus important recul mensuel (-1,5 %) depuis avril 2021, alors que l’industrie a dû composer avec la grève des ports de la Colombie-Britannique et la diminution des stocks d’inventaires.
L’économie semble néanmoins apte à éviter un second trimestre de décroissance. En août, Statistique Canada prévoit une croissance positive de 0,1 % et anticipe un certain rebond à la suite des fermetures entraînées par les feux de forêt dans l’ouest du pays. Dans le contexte actuel, il s’agit d’une performance louable pour l’économie canadienne. Le troisième trimestre de 2023 devrait ainsi se conclure par une croissance atone du PIB réel.
À l’amorce du dernier trimestre de l’année, les défis continuent toutefois de s’accumuler pour l’économie canadienne. Les gains du PIB s’avéreront de plus en plus difficiles dans les prochains mois alors que l’impact des hausses de taux d’intérêt pèse lourd sur un nombre accru de ménages et d’entreprises.
Les ménages paient leurs dettes, sans plus Une solide croissance économique repose essentiellement sur les épaules des ménages, car les dépenses de consommation représentent bon an, mal an 60 % du PIB. Dans le contexte économique actuel de taux d’intérêt élevé et d’inflation toujours supérieure à la cible de 2 %, le pouvoir d’achat des consommateurs canadiens va de mal en pis.
D’ailleurs, le haut taux d’endettement des ménages canadiens rend l’économie du pays beaucoup plus sensible aux mouvements de la politique monétaire que chez nos voisins du Sud par exemple.
L’endettement des ménages canadiens par rapport au revenu disponible a néanmoins reculé à 180,5 % au deuxième trimestre – soit près de quatre points de moins que le niveau qui prévalait pour les trois premiers mois de l’année. Cette diminution implique que la croissance des revenus a dépassé celle du crédit. Les dernières hausses de taux d’intérêt de juin et juillet devraient continuer à ralentir le rythme des emprunts en seconde moitié d’année, alors que les ménages se montrent plus prudents.
Le taux d'épargne des ménages a d’ailleurs augmenté au deuxième trimestre, le revenu disponible des ménages ayant progressé plus de deux fois plus vite que les dépenses de consommation des ménages.
L’inflation toujours au-dessus de la cible La situation n’est certes pas idéale car l’inflation, en juillet et août, a remonté au-dessus de la limite supérieure de la fourchette cible de 3 %, après avoir atteint 2,8 % en juin.
Vraisemblablement, plusieurs défis persistent encore. Les prix des produits alimentaires demeurent obstinément élevés à 6,8 %, même si l'on peut se réjouir de la baisse importante enregistrée en août.
Les coûts d’intérêts hypothécaires, qui ont augmenté au rythme de 31 % au cours des douze derniers mois, ont aussi un impact. Or, en les excluant de la variation du mois d’août, l’inflation aurait été de 3,2 % plutôt que 4 %. Notons également que l’inflation des biens durables et semi-durables se maintient toujours dans la fourchette cible de 1 à 3 % – signe que la politique monétaire restrictive a eu l’effet escompté.
Les augmentations enregistrées en août dans les mesures d’inflation fondamentales préférées par la Banque du Canada mettent toutefois un bémol sur ces données. Ces nouvelles hausses attisent le risque de nouvelles augmentations de taux d’intérêt au pays, mais le ralentissement de l’économie nous laisse croire pour l’instant que la Banque du Canada restera sur la ligne de touche lors de la rencontre du 25 octobre.
L’emploi en hausse et le taux de chômage stable Le taux de chômage s’est maintenu à 5,5 % en septembre, alors que l’emploi total a connu un bond important (+64 000 emplois gagnés par rapport à août). Les gains au chapitre de l’emploi se sont concentrés dans le secteur de l’éducation (+66 000). Statistique Canada a d’ailleurs souligné que les chiffres de l'emploi dans ce secteur peuvent être volatils au tournant de la nouvelle année scolaire.
Depuis le début de 2023, dans l’ensemble, la création d’emplois s’élève à 388 000 et le taux de chômage a augmenté d'un demi-pourcent. La demande d'embauche devrait s’affaiblir davantage par rapport à l'offre de main-d'œuvre toujours croissante mais quelques facteurs tempèrent le ralentissement attendu du marché du travail.
En juillet, le nombre de postes vacants a encore diminué, mais demeure au-dessus de la tendance prépandémique. La vague de départs à la retraite s'est poursuivie en septembre, tandis que les étudiants retournaient sur les bancs d’école.