Le ralentissement se fait de plus en plus sentir
L'économie canadienne a fait preuve de résilience au début du quatrième trimestre, et ce malgré un contexte économique défavorable toujours lié à l’inflation et aux taux d’intérêt élevés.
Le PIB réel est resté essentiellement inchangé pour un troisième mois consécutif en octobre 2023. La croissance mensuelle du PIB se maintient à 0 % depuis août, mais Statistique Canada anticipe une hausse de 0,1 % en novembre. Le rythme de croissance de l’économie s’élèverait ainsi à 1,4 %, de janvier à novembre 2023 comparativement à la même période en 2022, si les prévisions de l’agence statistique venaient à se concrétiser.
Pour l’instant, la croissance du PIB au quatrième trimestre devrait à nouveau être inférieure aux prévisions de la Banque du Canada qui tablait sur une hausse de 0,8 % en rythme annuel.
La croissance trimestrielle devrait quand même demeurer légèrement positive (+0,4 % par rapport au troisième trimestre), ce qui permettra au pays d’éviter de connaître deux trimestres consécutifs de fléchissement de l’activité économique (la définition d’une récession technique).
Des ménages canadiens appauvris et prudents pour entamer 2024
La croissance économique en 2024 repose essentiellement sur la direction que prendront les dépenses de consommation des ménages canadiens. L’affaiblissement des marchés financiers et de la valeur des logements ont mené à une réduction du patrimoine des ménages canadiens au troisième trimestre. Par ailleurs, le passif financier, composé principalement de la dette hypothécaire et non hypothécaire, continue à augmenter mais à un rythme beaucoup plus lent que durant les dernières années.
Ainsi, la richesse nette des ménages a diminué au troisième trimestre de 2023. Le ratio de la dette des ménages par rapport au revenu disponible a diminué pour s’établir à 181,6 %. (Il y avait 1,82 $ de dette sur le marché du crédit pour chaque dollar de revenu disponible des ménages au troisième trimestre de 2023 – un bon ralentissement par rapport au sommet de 1,87 atteint au T2-2022).
La situation financière des ménages demeure généralement bonne au pays, mais la perte de richesse liée à la dévaluation des actifs financiers et immobiliers pourrait peser lourdement sur la consommation dans le contexte actuel. De prime abord, les gens dépensent moins lorsque leur richesse diminue et la situation économique fait en sorte que les consommateurs sont de plus en plus inquiets pour l'avenir. L’épargne des ménages est en hausse et les Canadiens sont plus enclins à reporter leurs achats discrétionnaires.
Le ralentissement des dépenses de consommation se fait sentir depuis plusieurs mois déjà. La confiance des consommateurs est toujours très faible et le taux d’épargne en hausse – un indice annonciateur qu’ils seront encore timides dans les prochains mois.
L’inflation se maintient au-dessus de la fourchette cible
Globalement, le portrait de l’inflation aura peu varié entre octobre et novembre alors que la croissance des prix a maintenu le même rythme annualisé de 3,1 %. Plusieurs indicateurs se maintiennent toujours au-delà de la limite supérieure de la fourchette cible de 1 à 3 % fixée par la banque centrale.
L’inflation excluant les aliments et l’énergie a remonté légèrement en novembre à 3,5 % (+0,1 point de pourcentage comparé à octobre). Encore une fois, la croissance des prix s’est avérée plus importante, bien que toujours en baisse, dans les catégories de dépenses de base. Les coûts de l’alimentation ont augmenté de 5,0 % et ceux associés au logement de 5,9 % alors qu’ils avaient respectivement atteint un taux d’inflation de 5,6 % et 6,1 % en octobre.
La Banque du Canada surveille un large éventail d'indicateurs pour évaluer l'ampleur des pressions qui s'exercent sur l'inflation. Pour leur part, les mesures privilégiées d’inflation fondamentale de la banque n’auront pas varié en novembre en glissement annuel. Toutefois, les mesures de court terme (variation sur trois mois annualisée) continuent de se rapprocher de la cible de 2 %.
Le conseil de gouverneurs continuera donc à faire preuve de prudence lors de l’annonce de sa décision concernant le taux directeur, en janvier. Le ralentissement de la croissance économique et du marché du travail devrait se poursuivre dans les prochains mois et apportera la confiance nécessaire aux banquiers centraux pour statuer que l’inflation continuera à ralentir et retournera dans la fourchette cible dès la première moitié de l’année. Les Canadiens pourraient donc bénéficier d’une première baisse de taux d’intérêt dès la mi-2024.
Pas de création ni de perte d’emploi pour conclure 2023
Le ralentissement économique qui se trame timidement depuis la dernière année ne s’est pas encore matérialisé drastiquement sur le marché du travail. En décembre, l’emploi est demeuré stable tout comme le taux de chômage qui demeure à 5,8 %.
La population canadienne a augmenté de 430 000 personnes au cours du troisième trimestre seulement, soit presque autant que l'objectif officiel du gouvernement fédéral en nombre de résidents permanents pour l'ensemble de l'année. L’augmentation du taux de chômage pourrait donc s’accélérer dans les prochains mois, même sans mise à pied importante.
Au final, plus de 235 000 Canadiens et Canadiennes ont pris leur retraite l’an dernier.
Les postes vacants poursuivent leur tendance baissière. On en comptait un peu plus de 670 000 au pays en octobre. Le manque de main-d’œuvre se fait donc toujours sentir, mais l’augmentation de travailleurs potentiels disponibles et le ralentissement économique atténuent les besoins d’embauche.