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Lettre Mensuelle - Janvier 2023

Vous avez des questions, nous avons des réponses!

L'incertitude demeure au cœur des préoccupations de nombreuses entreprises à l'aube de la nouvelle année. Pour vous aider à y voir un peu plus clair, cette édition de la lettre économique répond aux dix questions posées le plus fréquemment aux économistes de BDC.


Q1. Est-ce qu’on se dirige vers une récession? Les récessions sont une composante normale et attendue des cycles économiques. Une récession, dans sa définition simpliste et très répandue, se caractérise par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB réel. Cependant, de nombreux économistes, y compris ceux de BDC, préfèrent une définition moins mécanique. Nous considérons qu'une baisse généralisée et significative du PIB et de l'emploi permet de déterminer si une récession a eu lieu. Notre analyse actuelle indique que l'économie canadienne devrait connaître un ralentissement marqué cette année, mais éviter une récession. Cela dit, force est d’admettre que le risque que l'économie glisse vers une légère récession a augmenté au cours des derniers mois.


Q2. Doit-on s’inquiéter des finances des ménages? La croissance économique repose essentiellement sur les dépenses de consommation. Or, les hausses de taux d’intérêt amènent les consommateurs canadiens à se montrer de plus en plus prudents. Les emprunts sur le marché du crédit ont augmenté, mais la cadence a décéléré à son plus faible niveau depuis la pandémie. Le ratio dette des ménages/revenu disponible a encore légèrement augmenté cet automne.

Par ailleurs, comme la consommation a ralenti et que la rémunération de l'emploi reste forte, le revenu disponible des ménages continue à augmenter rapidement et contribue à la hausse de l'épargne nette. Même si les défauts de paiement demeurent faibles, pour l’instant, les ménages canadiens sont confrontés à une hausse des taux d’intérêt qui augmente à son rythme le plus rapide depuis des décennies (+29,6 % en variation annuelle au T3 2022). Ils sont donc de plus en plus vulnérables à de potentiels revers financiers.


Q3. À quoi s’attendre du marché résidentiel canadien? S’il y a un marché où les Canadiens ont pu observer les effets des hausses de taux d’intérêt massives décrétées par la Banque du Canada, c’est bien le marché résidentiel. Le volume de transactions sur le marché de la revente a chuté de 39 % en novembre par rapport à février 2022, soit avant le début de la période de resserrement des conditions financières. La baisse de la demande aura également entraîné une correction importante des prix des logements (-19 %).

Le nombre de transactions et le prix moyen devraient continuer à ralentir au début de l’année, mais se rapprocher de leur plancher. D’ailleurs, on assiste à une révision baissière des rendements sur obligations du gouvernement, ce qui devrait entraîner un recul éventuel des taux hypothécaires. De plus, l'immigration a repris depuis la pandémie et les logements disponibles sont toujours rares. Selon la SCHL, le Canada a besoin de construire 3,5 millions de logements abordables d'ici 2030 pour rétablir à l'accessibilité du marché résidentiel. Il ne serait donc pas surprenant de voir le marché résidentiel reprendre un certain élan à la fin 2023.


Q4. Avons-nous perdu le contrôle de l’inflation? Les niveaux d’inflation observés en 2022 s’expliquent en bonne partie par des enjeux d’offre mondiale. L’invasion de l’Ukraine et les mesures de représailles contre la Russie ont fait grimper les prix des produits de base au moment où les chaînes d’approvisionnement étaient encore perturbées par des enjeux logistiques.

Après sept hausses de taux par la Banque du Canada pour contenir l’inflation au pays, on dénote des signes d’amélioration mais il faudra attendre en deuxième moitié d’année avant que l’inflation se rapproche davantage de la fourchette cible. Même si une partie de l’inflation est hors du contrôle de la banque centrale, les hausses de taux ramèneront l’équilibre entre l’offre et la demande intérieure et auront pour effet d’atténuer les pressions inflationnistes auxquelles sont confrontés les ménages et les entreprises canadiennes. Mais attention, baisse de l’inflation n’implique pas baisse de prix.


Q5. Où s’en vont les taux d’intérêt? Fixe ou variable? Le taux directeur – le patron des taux d’intérêt – est passé de 0,25 % à 4,25 % en moins d’un an. Nous pensons que le taux culminera à 4,5 % au premier trimestre de 2023 et y restera pour la majeure partie de l’année. Une première baisse est toutefois dans les cartes au dernier trimestre. Les Canadiens devront s’armer de patience, car nous ne prévoyons pas retrouver le taux neutre de 2,5 % avant au moins 18 mois. Plusieurs facteurs doivent être pris en considération – et non seulement les attentes de direction des taux – lorsque vient le temps de choisir un financement à taux fixe ou variable. Il n’y a donc pas de réponse universelle. La décision dépend entre autres de l’horizon de financement, de la structure et des options du prêt, de votre capacité à payer, des variations de revenus anticipées et évidemment de votre appétit pour le risque.


Q6. Qu’est-ce que ça implique pour le taux de change canadien? Le taux de change entre le Canada et les États-Unis aura écopé de l’incertitude économique croissante en deuxième moitié de 2022. Le huard se maintient à 0,74 $US depuis décembre alors que la demande s’accroit pour les valeurs refuges, dont le billet vert américain. Le ralentissement de la demande mondiale, qui aura entraîné une baisse du prix des matières premières, explique en partie la dévaluation du dollar canadien et continuera à maintenir une pression baissière sur le taux de change.

Outre l’incertitude économique et le prix des matières premières, le différentiel des taux d’intérêt de court terme entre les deux pays est le troisième facteur à considérer dans l’analyse des mouvements des devises. Alors que le cycle de resserrement des conditions financières tire à sa fin au Canada, les États-Unis feront face à des taux plus élevés et plus longtemps. Par conséquent, le différentiel entre les taux de court terme devrait s’accentuer, ce qui maintiendra le huard faible (entre 0,72 et 0,75 $US) dans les prochains mois.


Q7. Quels sont les risques à l’internationale? Les prévisions économiques de croissance mondiale sont en forte baisse pour 2023 et avec raison. D’une part, les problèmes d’inflation sont globaux et le resserrement des taux pour la contenir se reflétera donc sur la croissance aux quatre coins du monde. La Réserve fédérale américaine n’est toujours pas prête à mettre fin à son cycle de resserrement, tandis que l’Europe est frappée par une crise énergétique d’envergure. Par ailleurs, l’endettement des pays en développement s’est intensifié depuis près de dix ans. La force du dollar américain et la montée des taux d’intérêt constituent un risque accru au développement et la croissance de ces pays.

Le principal risque international demeure tout de même la situation économique et géopolitique qui prévaut en Chine. Maintenant que la politique zéro-COVID est finalement mise au rancart, les infections se multiplient et pourraient encore fragiliser l’économie chinoise. D’autant plus que le pays doit encore jongler avec le marasme de son marché immobilier.


Q8. Les prix des intrants, comme le pétrole, continueront-ils à monter? En fait, les prix de nombreux intrants ont amorcé une correction baissière ces dernières semaines. La cause: les risques accrus de récession mondiale et un ralentissement de la demande causé par les hausses de taux d’intérêt. Les baisses de prix se poursuivront vraisemblablement au premier trimestre, alors que ménages et entreprises se montreront prudents. Certains marchés, notamment celui du pétrole, devrait s’avérer en suroffre au début de 2023.

La réouverture graduelle de la Chine et la fin des hausses de taux devraient toutefois se manifester sur les marchés des produits de base dès le milieu de l’année, ce qui entraînera une certaine remontée des prix.


Q9. Où sont les travailleurs que je recherche? En période de ralentissement économique typique, les mises à pied se multiplient. Le ralentissement de 2023 s’avérera différent des autres pour le marché du travail. Les postes vacants sont toujours très élevés et les départs à la retraite à leur sommet. Les pénuries de main-d'œuvre au Canada survivront donc malheureusement au ralentissement de 2023 et les entreprises à la recherche de personnel ne pourront compter sur un accroissement important de chômeurs pour répondre à leurs besoins. La population canadienne ne rajeunit pas, malgré les efforts importants d’immigration canadienne. Cette réalité était présente avant la pandémie et le sera encore pendant de nombreuses années.


Q10. Qu’en est-il des salaires? Nul doute, l’inflation, la forte demande et le manque de main-d’œuvre auront alimenté la croissance des salaires en 2022 (+5,1 % en variation annuelle en décembre 2022). Les salaires devraient continuer en 2023 à augmenter à un rythme plus élevé qu’observé avant la pandémie, mais l’ampleur des récentes hausses ne deviendra pas la nouvelle norme du monde des affaires.

Des facteurs temporaires liés aux conditions économiques défavorables apporteront un peu de répit aux entreprises sur le plan salarial, par rapport aux pressions vécues en 2022. Les anticipations d’inflation se raviseront au rythme de la variation de l’IPC dans les prochains mois également. Nonobstant, les salaires devraient augmenter de 4 % en moyenne au pays cette année.

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